TOD : The Grim Reaper's Godson : Origins - Part 1

Je m'en rappelle maintenant.

Notre famille a toujours vécu à  Edenapple. Edenapple la Gracieuse, ce que je peux aimer cette ville. Toutefois, mon pauvre père n'était pas bien riche et il était obligé de cumuler tous les petits emplois qu'il pouvait trouver pour subvenir aux besoins de la famille. Il devait travailler jour et nuit pour nourrir ma mère et mes douze frères et sœurs. Ainsi, à ma naissance, désespéré d'avoir un enfant de plus qui finirait miséreux, il décida de me trouver un parrain. Quelqu'un qui saurait m'offrir un avenir meilleur. Il partit donc à la recherche de la personne adéquate. Mais il comprit vite qu'il ne trouverait personne à Edenapple, car si belle soit cette ville, ses habitants sont tous plus égoïstes et profiteurs les uns que les autres. Il continua alors son chemin hors de la cité.

Sa route fini par croiser celle d'un homme. C'était un grimmer sans aucun doute, car il s'adressa à lui pour lui dire : "Brave homme, tu me parais bien désemparé ! Je suis un élu, puis je te venir en aide ?" Il n'y a qu'un grimmer pour tenir des propos pareils ! Mais mon père n'était pas homme à mépriser quelqu'un, si maudit soit-il. Il lui expliqua donc ce qui l'amenait là et le tourmentait tant. L'étranger poursuivit alors : "J'ai pitié de toi ; je tiendrai ton fils sur les fonts baptismaux, m'occuperai de lui et le rendrai heureux durant sa vie terrestre !" Mon père lui demanda alors pourquoi faire preuve d'une telle charité et l'homme répondit : "J'ai juré d'utiliser mes pouvoirs pour aider mon prochain car ils m'ont été offerts par le Bon Dieu !" Mon père lui dit alors sans y réfléchir plus : "Dans ce cas, je ne te demande pas d'être parrain de mon enfant ! Dieu donne aux riches et il laisse les pauvres mourir de faim !" Et il partit sur ces mots, laissant l'ange derrière lui.  

Peu après, un autre homme vint à sa rencontre et lui demanda d'un ton peu aimable : "Que cherches-tu ?" Mon père lui expliqua donc le but de sa quête. L'inconnu, qui semblait tout aussi excentrique que le candidat précédent, lui dit alors avec un sourire narquois : "Si tu me prends pour parrain de ton fils, je lui donnerai de l'or en abondance et tous les plaisirs de la terre par-dessus le marché !" Mon père lui demanda alors d'où lui venaient ses pouvoirs et ses richesses et l'homme répondit : "Je suis un grimmer et j'ai reçus mes pouvoirs du Diable !" Mon père lui dit donc sans y réfléchir plus : "Alors, je ne te veux pas pour parrain. Le Diable trompe les hommes et il les emporte !" Et il continua son chemin, laissant le démon derrière lui.

Il poursuivit alors sa route. Quand brusquement, il eu l'impression d'être suivit. Il se retourna donc, et aperçu, au loin, un homme étrange vêtu d'une cape noire qui lui recouvrait entièrement le corps. Il cligna des yeux pour s'assurer qu'il ne rêvait pas, car l'homme lui paraissait définitivement invraisemblable, tant son allure était sinistre. C'est alors qu'en une fraction de seconde, l'homme était à un mètre de lui. Soudain, l'évidence lui sauta aux yeux, la créature qu'il avait face à lui n'était pas un homme. Il le regardait avec peur et fascination à la fois... Ce n'est pas tous les jours que l'on se retrouve face à la Mort en personne ! Le Grand Faucheur lui dit soudain : "Prends-moi pour parrain !" Mon père sursauta, en entendant sa voix sépulcrale résonner dans sa tête. Néanmoins, il lui demanda avec assurance pour quelle raison il choisirait la Mort pour parrain de son fils. Le Faucheur se dressa de tout son long et lui dit : "Je suis la Mort qui rend les uns égaux aux autres !" Mon père lui dit alors sans y réfléchir plus : "Tu es ce qu'il me faut ! Sans faire de différence, tu prends le riche comme le pauvre ! Tu seras le parrain !" Et le Faucheur ajouta alors : "Je ferai de ton fils un homme riche et illustre, car qui m'a pour ami ne peut manquer de rien !" Et mon père termina : "Le baptême aura lieu dimanche prochain ; sois à l'heure !" Ainsi le Grand Faucheur fut mon parrain.


Oui, je m'en rappelle maintenant, mon père me racontait cette histoire sans arrêt. Un conte bien étrange pour endormir un enfant. Un conte... Maintenant que j'y pense, il ne m'a jamais dit que ça en était un. Aujourd'hui je me retrouve face à l'évidence, ça n'en était pas un !


Je suis toujours assis sur le sol, contre le mur auquel ma stupeur m'a plaqué. J'ai laissé tomber la caisse que j'étais sensé porter dans la réserve de ce restaurant. Vu le bruit qu'elle a fait en heurtant le sol ça devait être des bouteilles, mais le fait que je ne pourrais jamais les rembourser me parait un problème superflu dans l'instant. Le Grand Faucheur se tient devant moi, il est exactement comme je l'imaginais, c'est d'ailleurs assez surprenant... Comment mon père pouvait-il en avoir une idée aussi exacte, si ce n'est qu'il l'a réellement rencontré ? Bien sûr tout le monde en à une image approximative, mais il me l'avait décrit avec une larme noire sous l'œil gauche. Cette idée me parait moins farfelue maintenant que je m'aperçois que c'est le cas. Lorsqu'il remarque que je suis perdu dans mes pensées, il m'explique que tel que mon défunt père l'aurait voulu, il vient pour m'offrir un avenir. Un avenir ? Si je ne connaissait pas l'histoire de sa rencontre avec mon père, je trouverais son propos affreusement ironique et cynique. Mais je connais toute l'histoire, alors je le crois. Enfin... ai-je le choix ? Il me tend la main. Je me relève. J'aimerais regarder son visage, pour donner une bribe d'assurance à mon geste, mais je crains que son expression - si j'ose dire - ne m'aide en rien à me décider. Je tend cependant la main fébrilement. Ma peau effleure l'un de ses os. Mon cœur s'arrête... Non, le temps...


Je reviens à moi. Je n'ai jamais ressenti une telle sensation, un tel froid. Mon cœur cogne maintenant dans ma poitrine. Mon parrain est toujours en face de moi. J'ai des vertiges. Je tente de m'appuyer contre le mur derrière moi, lorsque je m'aperçois, mais trop tard, qu'il n'y a aucun mur pour me rattraper dans mon dos. Le Faucheur me rattrape par le bras. Je regarde alors autour de moi. Mais où somme nous ? Où est passée la réserve du restaurant, le restaurant, Edenapple ? Je lui demande ce qui s'est passé. Il ne me répond pas mais se retourne et me fait signe de le suivre. J'obéis. Mais que faisons-nous dans cette sinistre forêt ? C'est étrange, on dirait que tout est mort ici. Ou plutôt qu'il n'y a pas âme qui vive, non seulement les arbres paraissent complètements desséchés mais il n'y a pas le moindre animal.

Soudain, alors que nous marchons, mon parrain se met à m'expliquer : "Je vais maintenant te faire ton cadeau de baptême ! Je vais faire de toi un médecin célèbre !" Comment ? C'est une blague ? Non, je crois que la Mort plaisante rarement. Alors que j'y réfléchi, il m'arrête brusquement et me montre le sol. Je remarque alors que l'herbe est nettement plus verte à cet endroit. Il ajoute alors : "Quand tu te rendras auprès d'un malade, je t'apparaîtrai ! Si tu me vois du côté de sa tête, tu pourras dire sans hésiter que tu le guériras ! Tu lui donneras de cette herbe et il retrouvera la santé ! Mais si je suis du côté de ses pieds, c'est qu'il m'appartient ; tu diras qu'il n'y a rien à faire, qu'aucun médecin au monde ne pourra le sauver ! Et garde-toi de donner l'herbe contre ma volonté, il t'en cuirait !"

...